Histoire
Quelques dates
1209
Château des Comtes de Provence, elle protège le Comté face aux turbulents dauphins. C’est la poterne de l’État provençal.
XIVe
Elle défend la ville menacée par des bandes armées refluant du royaume de France.
1516
François Ier la visite. Bayard y tient garnison.
1562
Les guerres de religion s’allument en Provence. Elle est l’enjeu de tous les partis. Refuge des protestants, les catholiques l’assiègent deux fois.
1589
Les grands travaux commencent à l’avènement d’Henri IV. C’est la première adjudication à deux entrepreneurs du Val d’Aoste. En 1611 le plan général de la Citadelle est en place.
1639
Richelieu enferme dans le cachot du donjon le prince Jean Casimir Vasa, futur roi de Pologne, qui avait comploté avec l’Espagne contre la France.
1692
Après l’invasion de la Haute-Durance par le duc de Savoie (Victor Amédée II), Vauban la «mesure». De son projet, on ne réalise que la poudrière et un puits.
5 mars 1815
Elle inquiète Napoléon au retour de l’île d’Elbe. Elle pouvait l’arrêter, briser l’épopée. Privés de poudre, ses 23 canons laissent passer l’empereur et ses 1 200 soldats.
Juillet 1944
La Résistance libère les prisonniers politiques qui y étaient enfermés.
15 août 1944
La Citadelle est gravement endommagée au cours du bombardement de la ville par les forces alliées.
1956
Une association (ATM) prend en main sa restauration sous l’égide de la Ville et des Monuments Historiques.
2015
Le 20 janvier 2015, la Citadelle de Sisteron est classée aux Monuments Historiques dans sa totalité.
Le rocher qui porte la Citadelle a de tout temps été fortifié.
Il ne reste rien de l’oppidum romain, pas davantage du château fort du haut Moyen-Âge, fait de palissades et de tours précaires. La forteresse qui couronne la ville aujourd’hui est un ensemble d’ouvrages d’époques très diverses, fruit de modernisations et de reprises successives. Le rempart supérieur, ou chemin de ronde, ponctué d’un puissant donjon, date du XIIIe, voire du XIIe siècle. Deux autres tours s’y élevaient, arasée pour l’une (à l’ouest), abaissée pour l’autre. À cette ligne de couronnement, on a adapté, au XVIe siècle – après les dommages des guerres de Religion – au nord et au sud, un étagement d’ouvrages bastionnés auquel venait s’attacher le rempart enserrant la cité depuis le XIVe siècle. La face sud comporte quatre enceintes fermées de portes bien défendues, pour certaines, par des ponts-levis. La face nord, que Vauban (1633-1707) appellera “l’Hiver” pour sa froidure, n’en compte que trois, très remaniées au XIXe siècle. Ces ouvrages, attribués sans raison à Jean Errard (ingénieur des fortifications de Picardie et d’île de France), sont plus sûrement l’œuvre de Jehan Sarrazin, ingénieur du roi dans la deuxième moitié du XVIe siècle.
En 1692, Vauban, après l’invasion de la haute vallée de la Durance par le duc de Savoie Victor Amédée II (1675-1730), conçut pour Sisteron un vaste plan de défense intéressant la ville et la forteresse. De l’ambitieux projet, seuls la poudrière et un puit (au nord) furent réalisés.
De 1842 à 1860 – la Savoie et le Comté de Nice ne sont pas encore français – d’ultimes travaux tendent à mettre à jour la Citadelle. Se référant aux recommandations de Vauban, on relève les courtines, on ouvre les deux portes charretières de la face sud. Au nord, la deuxième enceinte est remaniée et une citerne aménagée pour recueillir les eaux pluviales. Des casemates s’élèvent, protégées d’escarpes. On creuse l’escalier souterrain reliant la forteresse à la porte nord de la ville.
À partir de 1863, seuls des crédits d’entretien sont alloués. La Citadelle a perdu sa valeur de fortification avec l’apparition de l’artillerie rayée permettant des tirs à très longue portée et, en 1894, c’est le déclassement militaire de la place forte. La Citadelle devient centre de détention pour les prisonniers allemands pendant la Première guerre mondiale.
Elle est classée monument historique en 1925 et rachetée par la Ville en 1928. Un théâtre de verdure y est créé. Il accueille un festival de théâtre, un des premiers de France. Une nouvelle vie commence…
En 1940, elle est réquisitionnée et devient « centre de séjour surveillé », des bâtiments provisoires y sont érigés. En août 1944, le bombardement de la Ville lui cause d’effroyables blessures que, depuis 1956, l’association Arts, Théâtre, Monuments (ATM) panse peu à peu avec le produit des entrées.
Texte P. Colomb et E. Robert